mardi 2 novembre 2021

LE BON LARRON

Le bon larron, du nom de Disme, est vénéré dans l’Église le 12 octobre. Étonnante est sa vie : de voleur, il est devenu, en quelques instants, un saint. D’un extrême il tomba dans l’autre, comme d’autres saints (sainte Marie l’Égyptienne, saint Moïse l’Ethiopien et tant d’autres). Ils agirent entièrement, soit en bien, soit en mal. Ils ne furent pas des «tièdes», que le Seigneur aurait vomit. Disme, toute sa vie, a volé, et on pourrait même dire qu’il a volé le paradis, car il n’a rien fait de bon dans sa vie, si on ne compte ce que relate la légende que je citerai après ce texte. C’est sa foi ardente seule, sans les œuvres, qui l’a sauvé. De toute façon, sur la croix, il avait les mains clouées et ne pouvait plus faire ni bien ni mal.

Dans son agonie sur la croix, il confessa la divinité du Christ, agonisant également. «Il dit à Jésus : Souviens-toi de moi, quand tu viendras dans ton royaume.» (Luc 23,42) Comment a-t-il pu croire que le Sauveur reviendra, comme roi, dans son royaume ? Lui-même était en train de mourir et demanda de se souvenir de lui. Quelle foi en la résurrection, tandis que les apôtres tous troublés s’étaient enfuis !

Il réprimanda Gestas, l’autre larron, en disant : «Pour nous, c’est justice, car nous recevons ce qu’ont mérité nos crimes; mais celui-ci n’a rien fait de mal.» (Luc 23,41) Il confessa ses méfaits, qu’il avait commis durant sa vie par ces mots – une confession générale avec un vrai repentir. 

Disme n’est même pas mort en martyr, car il fut crucifié pour ses crimes et non pour sa croyance ! Donc, quelles bonnes œuvres eut-il à montrer ? Ce n’est que sa foi qui l’a sauvé, comme dit maintes fois le Christ lors des guérisons : «ta foi t’a sauvé.»

Le Sauveur est mort avant les deux larrons, car «les soldats vinrent donc, et ils rompirent les jambes au premier, puis à l’autre qui avait été crucifié avec lui. S’étant approchés de Jésus, et le voyant déjà mort, ils ne lui rompirent pas les jambes; mais un des soldats lui perça le côté avec une lance, et aussitôt il sortit du sang et de l’eau.» (Jn 19,32-34)

Quand le larron traversa les péages de l’air, les démons réclamèrent certainement son âme, et à juste titre, car ses crimes furent nombreux. Pourtant sa foi ardente en la miséricorde de Dieu, et peut-être aussi l’épisode relaté dans la légende, ont fait basculer la balance de la justice, et il a pu traverser sans obstacle les péages de la mort.

Donc le larron a rejoint le Sauveur, alors que celui-ci était déjà descendu en enfer et il est remonté avec lui au paradis, selon sa promesse.

«Aujourd’hui» avait dit le Christ. C’est donc bien le jour même de la crucifixion que Jésus est monté au paradis avec son âme en compagnie du larron et tant d’autres sauvés. À Pâque, il est ressuscité avec son corps, et à l’Ascension, avec son corps glorifié, il est monté au ciel, où il règnera pour toute l’éternité avec ceux qui ont cru en lui.

Quelle leçon en tirer ? D’abord vivre entièrement notre foi, et ne pas être tiède, afin de ne pas être vomi par la bouche du Seigneur, et ensuite de ne jamais désespérer de notre salut avant que nous n’ayons croisé nos bras sur la poitrine et fermé nos yeux.

a. Cassien



«Disme vivait dans une forêt près de l'Egypte, lorsque Marie, fuyant la colère d'Hérode, sy rendit elle-même, portant avec elle Jésus enfant. Il était assassin de profession, et fils du chef d'une troupe de malfaiteurs. Or, un jour qu'il était en embuscade, voyant arriver un vieillard, une jeune femme et un petit enfant, jugeant avec raison qu'ils ne pourraient opposer aucune résistance, il se dirigea vers eux avec ses compagnons, dans l'intention de les maltraiter; mais il fut tout à coup ravi par la grâce surnaturelle qui embellissait le visage de Jésus, de sorte qu'au lieu de leur faire aucun mal, il leur donna l'hospitalité dans la caverne qu'il habitait, et leur prépara tout ce qui leur était nécessaire. Marie était heureuse en voyant les caresses et les soins que ce voleur prodiguait à son Fils bien-aimé; elle lui en rendit grâces de tout son coeur, et elle l'assura qu’il en serait récompensé avant sa mort. La promesse de la très sainte Vierge se réalisa plus tard : Disme fut crucifié avec le Rédempteur du monde, et il obtint à son dernier moment la grâce de se repentir de ses fautes, et, ayant confessé publiquement la divinité de Jésus Christ pendant que les apôtres avaient pris la fuite, il eut le bonheur de recevoir les prémices de la rédemption, et d’entrer, peu de temps après avec Jésus Christ, en possession du royaume du ciel».

 

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