mercredi 14 juillet 2021

LA TOUR À CONSTRUIRE

 


«Lequel de vous, s’il veut bâtir une tour, ne s’assied d’abord pour calculer la dépense et voir s’il a de quoi la terminer, de peur qu’après avoir posé les fondements, il ne puisse l’achever, et que tous ceux qui le verront ne se mettent à le railler, en disant : Cet homme a commencé à bâtir, et il n’a pu achever ?» (Luc 14,28)


Ces paroles du Christ – relatées seulement par l’évangile de Luc – sont de prime abord faciles à comprendre; mais cherchons à approfondir un peu plus, car l’Évangile a toujours des sens cachés, des mystères. 

Pourquoi est-il question d’une tour et pas seulement d’une simple maison ? Une tour signifie la solidité et l’endurance. Elle sert pour observer et pour se protéger et non uniquement pour y habiter.

Il s’agit de construire avec un but précis. Notre vie terrestre n’est-elle pas visée avec cela, ou vivons nous uniquement au jour le jour, à manger, à boire et à dormir,  jusqu’à ce que la mort nous surprenne ? Ceux qui n’ont pas la foi vivent ainsi, sans but précis, mais pour un croyant, cette vie-ci n’est qu’une préparation pour l’autre vie – la vraie vie. Donc il s’agit de construire cette «tour» qui symbolise la vie éternelle. 

Si le Seigneur parle d’une tour, il ne parle pas d’une tour en pierres, bien sûr, pas plus que lorsqu’il est écrit dans la loi de Moïse : «Tu n’emmuselleras point le boeuf quand il foule le grain. Dieu se met-il en peine des boeufs, ou parle-t-il uniquement à cause de nous ? Oui, c’est à cause de nous qu’il a été écrit que celui qui laboure doit labourer avec espérance, et celui qui foule le grain fouler avec l’espérance d’y avoir part.» (I Cor 9,9-10)

Il est également question de «calculer la dépense.» Calculer veut dire prévoir et ensuite économiser afin de réussir. Un peu plus bas le Christ dit de quoi il s’agit : «Quiconque d’entre vous ne renonce pas à tout ce qu’il possède ne peut être mon disciple.» Il faut donc abandonner, renoncer à nos «richesses» terrestres pour réaliser cette «tour» éternelle !

Les «fondements» : À quoi cela servira t-il si l’on commence bien dans la vie spirituelle et qu’ensuite on se relâche et abandonne ? Qui nous empêche de terminer la construction ? Notre volonté versatile étouffée par nos passions, dont parle la parabole des semences, dont une partie tombe sur le sol aride, l’autre dans les ronces etc. 

Le jeune homme riche de l’évangile possédait beaucoup de richesses mais ce ne sont pas ces richesses-là qui faisaient obstacle mais l’attachement passionné. Il mettait ces richesses au-dessus de la vraie richesse – l’amour de Dieu, en lequel consiste la vie éternelle. 

On ne peut pas servir Dieu et Mamon, comme disait l’évangile de dimanche passé : «Nul ne peut servir deux maîtres. Car, ou il haïra l’un, et aimera l’autre; ou il s’attachera à l’un, et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mamon.» (Mt 6,24) Mamon c’est le dieu de l’argent, de cette richesse pernicieuse qui nous perd. D’ailleurs tout l’Évangile tourne autour de ces deux réalités : la vie viciée et la vie éternelle. Il faut renoncer au première pour acquérir la seconde !

Il n’est pas seulement question des richesses matérielles, certes, mais psychiques, spirituelles, comme l’ambition, la gloire etc.

Pour construire cette tour, il faut prévoir, renoncer, économiser; de même pour la vie éternelle il faut thésauriser, calculer, se priver en d’autres termes.  

Qui va nous «railler» si nous ne réussissons pas ? N’est-ce pas le malin, qui n’est autre que ce dieu Mamon ?

L’évangile termine – et moi de même – : «Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.»


a. Cassien 

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