lundi 8 octobre 2018

IL N’Y A PLUS …

 Les pères disent que la dernière génération aura des ailes bien faibles. Je ressens cela, hélas, en voulant écrire quelques lignes édifiantes. C’est en me forçant que les mots sortent, en les juxtaposant péniblement et en recommençant maintes fois. Bref.
     Juste quelques mots sur les paroles de l’Apôtre : «Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni libre, il n’y a plus ni homme ni femme; car tous vous êtes un en Jésus Christ.» (Gal 3,28)
     L’Apôtre aurait pu ajouter encore : Ni handicapé, ni en bonne santé, ni riche ni pauvre, car la vraie santé et la vraie richesse ce sont celles de l’âme.
     Il ne sert à rien de se glorifier d’être grec et il ne faut pas non plus se chagriner d’être noir. En Christ nous sommes tous égaux et un;  ce sont les fruits de l’Esprit, que celui-ci nous octroie, qui 
donnent de la valeur. Les conditions dans lesquelles nous vivons sont secondaires et neutres même. Dieu tient compte des conditions défavorables et cela nous procure plutôt de la gloire en les supportant. Naviguer sur une mer calme ne demande pas une grande expérience et connaissance, mais tenir bon quand les vents se déchaînent montre l’habilité du pilote.
     Dans l’autre vie, toutes ces conditions, en lesquelles le Seigneur nous a posés dans sa sagesse, ou bien là où nos faux pas nous ont amenés, n’existeront plus. Il est bien écrit : «Car, à la résurrection des morts, les hommes ne prendront point de femmes, ni les femmes de maris, mais ils seront comme les anges dans les cieux.» (Mt 12,25)
     L’Apôtre dit bien : «Il n’y a plus ni… » et non : «Il n’y aura … » en parlant des chrétiens vivants sur terre. C’est bien dans cette vie ici bas que nous sommes tous égaux dans l’Église. Ce ne sont que les gens du dehors qui considèrent comme importantes ces conditions terrestres : l’avoir, et non l’être selon Dieu.
     Dans une autre épître, l’apôtre Paul dit presque pareillement : «Il n’y a ici ni Grec ni Juif, ni circoncis ni incirconcis, ni barbare ni Scythe, ni esclave ni libre; mais Christ est tout et en tous.» (Col 3,11) Il dit bien «ici», c’est-à-dire sur terre, dans cette vallée de larmes qui ne prendront fin que dans l’autre vie, quand Dieu «essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus, et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car les premières choses ont disparu» (Apo 21,4).  Ces «premières choses», ce sont bien nos conditions terrestres avec leur cortège de souffrances et de misères, qui constituent notre croix.

a. Cassien

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