samedi 21 avril 2018

M’AIMES-TU ?

Après qu’ils eurent mangé, Jésus dit à Simon Pierre : Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu plus que ne m’aiment ceux-ci ? Il lui répondit : Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime. Jésus lui dit : Pais mes agneaux. Il lui dit une seconde fois : Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu ? Pierre lui répondit : Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime. Jésus lui dit : Pais mes brebis. Il lui dit pour la troisième fois : Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu ? Pierre fut attristé de ce qu’il lui avait dit pour la troisième fois : M’aimes-tu ? Et il lui répondit : Seigneur, tu sais toutes choses, tu sais que je t’aime. Jésus lui dit : Pais mes brebis. (Jn 21,15-17) 
C'est lors de sa troisième apparition après sa résurrection, au lac de Tibériade, que le Seigneur invite Pierre à faire une confession de foi. Par trois fois, Pierre avait renié le Christ. Par trois fois, le Sauveur lui demande maintenant : «M’aimes tu ?» Ce ne sont pas des reproches qu'il fait à son disciple, lui qui l’avait renié lâchement par peur, ni une pénitence qu'il lui impose, mais, simplement, il lui demande ce qui est le plus important : l’amour pour lui. «Jésus demande à Pierre pour la troisième fois s'il l'aime, à son triple renoncement correspond une triple confession, il faut que sa langue devienne l'organe de son amour comme elle l'a été de sa crainte, et que le témoignage de sa parole soit aussi explicite en présence de la vie qu'il l'a été devant la mort qui le menaçait» (saint Augustin traité 123 sur saint Jean). Je ne peux m’empêcher de penser que leurs yeux se sont croisés et que, même sans paroles, Maître et disciple se sont compris. Pierre a dû avoir honte grandement en voyant les yeux plein d'amour du Sauveur et en pensant à son reniement, à son apostasie. Voici ce qu'en dit saint Jean Chrysostome : «A cette troisième question, le trouble s'empare de l'âme de Pierre : Pierre fut contristé de ce que Jésus lui demandait pour la troisième fois : M'aimes-tu ? Il tremble au souvenir de sa conduite passée, il craint de se tromper en croyant qu'il aime Jésus, et de mériter de nouveau la rude leçon qu'il a reçue par suite de la trop grande confiance qu'il avait dans ses propres forces. C'est donc auprès de Jésus Christ qu'il cherche son refuge : Et il lui dit : Seigneur, tu connais toutes choses, c'est-à-dire, les secrets les plus intimes du cœur pour le présent et pour l’avenir». 
Rien de pire que l’apostasie, de renier Dieu. Certes, tomber dans un péché grave, comme la fornication par exemple, c’est épouvantable, terrifiant et abominable, mais malgré cela on croit et on aime toujours Dieu. Le renier, par contre, détruit tout. Pourtant, le Christ, qui, lui, ne nous renie jamais, va jusqu'à pardonner même notre reniement... là où est le repentir. Ce repentir, Pierre l'avait montré tout de suite après avoir renié : et étant sorti, il pleura amèrement» (Luc 22,62). Le Christ savait tout. Bien avant, ne lui avait-il pas déjà prédit ce qui se passerait ? «Je te le dis en vérité, cette nuit même, avant que le coq chante, tu me renieras trois fois» (Mt 26,34). Il savait, aussi, bien sûr, que Pierre l’aimait malgré ses faiblesses et son caractère versatile. «Le Seigneur, s’étant retourné, regarda Pierre», juste au moment de son troisième reniement» (Luc 22,61). C'est avec ce même regard que le Sauveur le fixe maintenant au lac de Tibériade, un regard qui n’est qu’amour en face de nos faiblesses. Un enfant qui, après avoir fait une bêtise – par exemple en laissant tomber un objet qui se brise – va vers sa mère en disant simplement : «Maman, je t’aime» la désarme complètement, au point qu'il ne lui reste plus qu'à serrer dans ses bras son enfant qu’elle aime encore plus que lui ne l’aime. Si une mère agit ainsi, Dieu le fera infiniment plus, dès lors que nous nous tournons vers lui en regrettant et en demandant pardon pour nos fautes. C'est cela le repentir. 
Jésus n’a pas seulement pardonné à Pierre, mais lui a confié ensuite la charge de ses brebis. David, de son côté, après l’adultère et le meurtre qu’il avait commis, regretta sa faute grave en disant : «Aie pitié de moi, ô Dieu ...» (Ps 50). Dieu lui pardonna et l’appela même ensuite : «David mon bien-aimé». Adam et Ève ne se sont-ils pas sanctifiés même après leur péché qui a jeté toute l’humanité dans la chute ? Par contre, ni Caïn, le fratricide, qui n'a pas fait pas pénitence, ni Judas le traître, qui est tombé dans le désespoir, n’ont pu se sauver, car là où il n’y a que le regret de sa faute et pas de confession, Dieu non plus ne peut pas pardonner. 
En résumé : tout péché, si grave qu’il soit, Dieu le pardonne en cette vie, si nous le confessons du fond du cœur. 

a. Cassien 


"Qu’y a-t-il de pire que de m'avoir renié, moi, le Maître de l’univers ? Or, quand tu t'es repenti et que tu as pleuré amèrement, je t'ai jugé digne de compassion; malgré ton manque d'assurance à mon égard, je t'ai appelé sur la montagne avec les autres disciples et je ne t'ai pas adressé un seul mot de reproche pour cela."
saint Syméon le Nouveau Théologien (chapitres 11 éthiques)

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