samedi 25 juillet 2015

HOMÉLIE POUR LE DIMANCHE DES SAINTS PÈRES du quatrième concile œcuménique

Le Seigneur dit à ses disciples : Vous êtes la lumière du monde. Une ville ne peut se cacher, qui est sise au sommet d'un mont. Et l'on n'allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais bien sur le lampadaire, où elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison. Qu'ainsi brille votre lumière devant les hommes, afin que, voyant vos bonnes œuvres, ils glorifient votre Père qui est dans les cieux ! Ne pensez pas que je sois venu pour abolir la Loi ou les Prophètes; je ne suis pas venu pour abolir, mais pour accomplir. Car en vérité je vous le dis : avant que ne passent le ciel et la terre, il ne disparaîtra de la Loi pas un iota, pas un trait, que tout ne soit réalisé. Celui donc qui supprimera l'un de ces moindres commandements, et qui donnera aux hommes un tel enseignement, sera tenu pour le moindre dans le royaume des cieux. Mais celui qui l'aura mis en pratique et enseigné, celui-là sera tenu pour grand dans le royaume des cieux. (Mt 5,14-19)

L’évangile de ce dimanche fut choisi en rapport avec les saints pères du quatrième concile œcuménique, qui sont «la lumière du monde». Ils ont défini et défendu la pureté de la foi orthodoxe en face des erreurs que le malin cherche à introduire dans l’Église à travers les hérétiques. Les enseignements et définitions de nos pères resteront normatifs jusqu’à la fin du monde, tandis que celui-ci gît dans le mal et va à sa perte. Les pères ne se sont pas accommodés à nos raisonnements humains tordus par nos passions (orgueil, instabilité, ignorance et j’en passe). Une règle tordue rend inévitablement tordus nos jugements. Nos pères, par leur orthodoxie basée sur leur orthopraxie, évitaient ces écueils. Aucun «iota» ne s’effacera de ce qu’ils ont défini dans l’Église, ce qui n’est pas le cas dans ces mornes cacodoxies qui changent sans cesse, n’étant bâti que sur du sable mouvant.
L’évangile parle d’abord de ce que nous devons être en face du monde et comment nous devons l’être : être lumière à travers nos paroles et nos actes. Pourtant cette lumière ne peut être lumière qu’en suivant fidèlement ce que l’Église nous enseigne à travers des siècles.
Voici ce que dit le grand Chrysostome : «De même que les prédicateurs sont, par l’exemple de leurs vertus, le sel qui assaisonne les peuples, de même ils sont, par leur doctrine, la lumière qui éclaire les ignorants. Or une vie sainte est la condition première, essentielle avant de bien enseigner. C’est pour cela qu’il appelle ses apôtres le sel de la terre, avant de leur dire : «Vous êtes la lumière du monde.» C’est peut-être aussi parce que le sel ne fait que conserver les choses dans l’état où elles sont, et les préserve ainsi de toute altération, tandis que la lumière les rend meilleures en répandant sur elles la clarté. Les apôtres sont donc appelés le sel de la terre à cause du peuple juif et de l’Église chrétienne qui ont la connaissance de Dieu, tandis qu’ils sont appelés la lumière du monde à cause des Gentils qu’ils amènent à la lumière de la science.» (Sur saint Matthieu)
«Le Sauveur avertit ses apôtres qu’ils doivent briller d’une lumière si vive qu’en admirant leurs bonnes œuvres les hommes en rendent gloire à Dieu : «Que votre lumière luise devant les hommes, afin qu’ils voient vos bonnes œuvres.» Saint Hilaire le Grand (Can. 4) 
Il s’agit donc de témoigner en face du monde sans crainte et sans concession mais fermement même si ce «monde» nous hait, nous persécute et se moque de nous.  
Après avoir exhorté ses disciples à se préparer à tout souffrir pour la justice, et à ne pas tenir cachée la doctrine salutaire qu’ils allaient entendre, mais à la recevoir dans l’intention de la communiquer aux autres, le Seigneur leur fait connaître ce qu’ils devront enseigner. Il suppose qu’ils lui font cette question : Quelle est donc cette doctrine qui ne doit pas rester cachée et pour laquelle vous nous ordonnez de tout souffrir ? Et Il leur répond : «Ne pensez pas que Je sois venu détruire la loi ou les prophètes.» 
Notre tache consiste à donc à accomplir ce que la Loi et les prophètes ont enseigné et demandé, non à la lettre, comme les malheureux juifs – qui n’ont jamais su dépasser le stade de l’enfance – le font encore, mais selon l’esprit. «La lettre tue, mais l’esprit vivifie.» (II Cor 3,6)
Transgresser cet enseignement, en suivant nos vues humaines et nos penchants mauvais, nous réduira à devenir les derniers dans le royaume des cieux. «Dans ces paroles : Il sera appelé le dernier dans le royaume des cieux, il ne faut voir autre chose que le supplice de la damnation éternelle.» (Saint Jean Chrysostome, Hom. 16)
«Par le royaume des cieux il faut entendre l’Église où tout docteur qui viole un commandement de la loi est regardé comme le dernier, car celui dont la conduite est méprisable, comment peut-il empêcher que son enseignement ne soit méprisé ?» (Saint Grégoire le Grand, Hom. 12 sur les Évang.)
«Le Sauveur promet au contraire la gloire magnifique des cieux à celui qui ne rougira pas de les confesser; c’est pour cela qu’Il ajoute : Mais celui qui fera et enseignera sera appelé grand dans le royaume des cieux (saint Hilaire le Grand) 
Donc à nous de voir, de confesser et de vivre courageusement ce que l’Église nous enseigne invariablement et recevoir la récompense qui est promise, ou de lâchement suivre la pente de ce monde corrompu et de céder à nos penchants viciés.
Jetons encore un regard sur l’épître d’aujourd’hui. Pour ceux qui somnolaient pendant la lecture, je le cite encore une fois : «Mon fils Tite, cette parole est certaine, et je veux que tu affirmes ces choses, afin que ceux qui ont cru en Dieu s'appliquent à pratiquer de bonnes œuvres. Voilà ce qui est bon et utile aux hommes. Mais évite les discussions folles, les généalogies, les querelles, les disputes relatives à la loi; car elles sont inutiles et vaines. Éloigne de toi, après un premier et un second avertissement, celui qui provoque des divisions, sachant qu'un homme de cette espèce est perverti, et qu'il pèche, en se condamnant lui-même. …» (Tite 3,8-15)
Donc l’épître ne fait que confirmer l’évangile et ce que nos pères ont enseigné et pratiqué, c'est-à-dire de suivre fidèlement l’Église et se séparer de ceux qui se coupent, par leurs erreurs, de l’Orthodoxie.


archimandrite Cassien

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