lundi 16 février 2015

Sur les bords des fleuves de Babylone



    Lors du Triode nous chantons le psaume 136 : «Sur les (bords des) fleuves de Babylone, nous étions assis et nous pleurions …» Ce psaume évoque l’exil du peuple hébreux à Babylone et figure notre exil du paradis après la chute ancestrale. De même que les Israélites furent punit par le Seigneur pour leurs prévarications, nous le sommes à cause de nos péchés. Babylone signifie le monde déchu. «Babylone la grande, la mère des impudiques et des abominations de la terre.» (Apo 17,5) Le fleuve principal de Babylone, c’est l’Euphrate dont l’Apocalypse fait mention à plusieurs reprises : «Délie les quatre anges qui sont liés sur le grand fleuve d’Euphrate.» (Apo  9,14) «Le sixième (ange) versa sa coupe sur le grand fleuve, l’Euphrate. Et son eau tarit …» (Apo 16,22).

    En entrant dans le grand Carême il nous est demandé de songer à notre déchéance et à pleurer notre état loin du paradis afin de retrouver la félicité perdue. 


    Le psaume poursuit en disant : «en nous souvenant de Sion,» c’est-à-dire que Sion est le paradis. Les hébreux rentrèrent dans la Terre promise après avoir fait pénitence, et nous aussi retrouvons la béatitude perdue en pleurant nos péchés, en vivant ce Carême, tel qu'il nous est demandé.

    Les exilés à Babylone avaient suspendu leurs harpes «aux saules de la contrée», c’est-à-dire que les chants de la joie cessèrent à cause du deuil, ce qui veut dire pour nous, que lors du Carême nos réjouissances mondaines doivent cesser et faire place au repentir.

    «Lorsque nous vivons dans l'abondance des biens qu'Il nous donne, nous y sommes comme insensibles. Que fait Dieu ? Il nous les retire, pour que cette privation nous rende plus sages, et nous les fasse rechercher de nouveau,» dit saint Jean Chrysostome en expliquant ce psaume. Donc le but de l’exil, c’est de nous stimuler à retourner dans les bras de notre Père céleste en tant que Fils perdu, Fils prodigue, celui dont le second Dimanche du Triode fait mention.

    «Appliquons-nous donc avec zèle à l'observation exacte de cette loi (du Carême) nous deviendrons par là dès cette vie, habitants du ciel, nous ferons partie des chœurs des anges, et nous nous rendrons dignes des biens éternels,» ainsi termine saint Jean Chrysostome dans son explication, et moi je ne peux rien ajouter.

archimandrite Cassien

Les saules pleureurs, d’ailleurs, je pense, qu’ils ont leur nom précisément de ce psaume, comme suggère le nom latin : Salix babylonica.


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