samedi 10 septembre 2011

LA DECOLLATION DU PRECURSEUR


Malgré la solennité du dimanche, c’est aujourd’hui un jour de jeûne à cause de l’importance de la fête qui tombe ce même jour : la Décollation de saint Jean le Précurseur. C’est un jeûne mitigé. Ainsi l’Eglise a mis sous le même dénominateur les deux fêtes – le dimanche et la Décollation.

Quelle est l’importance de cette fête de la Décollation ? Il y a tant de martyrs qui ont laissé leur vie pour le Christ mais auxquels on ne donne pas tant d’importance. D’abord, le Précurseur fut le plus grand parmi les enfants nés de la femme, comme dit l’Ecriture. Ce n’est que la Toute-Sainte qui le dépasse en sainteté. Ensuite, librement il s’est présenté au martyr. Il aurait pu l’éviter en étant plus accommodant, plus diplomatique. Il fut la charnière entre l’Ancien et le Nouveau Testament. A la fois prophète et apôtre, Jean fut déjà sanctifié dans le sein de sa mère lors de la Visitation. Il a vécu comme moine et il est considéré comme modèle pour la gente monastique. Toute sa vie il a vécu dans le désert comme ascète, se nourrissant des sauterelles et du miel des abeilles sauvages. J’ai eu la chance de vivre deux semaines dans la grotte, à En Karim, où Elisabeth se réfugia avec son enfant. Selon la Tradition, jamais il n’a péché, même pas en pensée, comme la Mère de Dieu. Voici en très bref, les mérites et les exploits de saint Jean.

Quelques mots concernant la Décollation. Pour sa franchise, le saint fut emprisonné. Comme j’ai déjà dit, Jean aurait pu se taire concernant la vie dissolue d’Hérode et garder ainsi les faveurs de celui-ci. La vérité et les commandements de Dieu pourtant lui étaient plus chers, et même les seules valeurs auxquelles il ne sacrifiait rien.

Hérodiade, cette femme dissolue n’avait que ses ambitions égoïstes en vue pour lesquelles elle était prête de tout sacrifier. A l’opposé de saint Jean, elle ne reculait devant rien pour faire le mal, comme Jean ne reculait devant rien pour le bien.

Lors de cette anniversaire d’Hérode, on mangeait et buvait, et comme généralement au-dessus de la mesure (Jean de son côté ne buvait jamais de boisson fermentée), ce qui a entraîné d’autres maux : la promesse insensée d’Hérode de donner jusqu’à la moitié de son royaume à cette fille sensuelle. Pour ne pas renier son serment, il sacrifia, à regret, la vie du Précurseur. Ainsi fut enlevé tout obstacle aux desseins pervers de ces deux femmes corrompues. Le choix entre le bien et le mal ne pouvait être plus clair : Jean récoltait pour toute l’éternité gloire et honneur et les autres trois, honte et damnation. Pour son renoncement et sa vie agréable à Dieu, Jean a été jugé digne de festoyer maintenant dans l’autre vie, tandis que cette triade perverse a été punie pour son festin sacrilège. Que nous faut-il d’autre comme exemple et leçon ?

Que saint Jean nous rende digne de marcher dans ses traces et nous accorde quelques miettes du festin qu’il célèbre dans l’autre vie avec les anges et ceux qui ont vécu comme lui !

Archimandrite Cassien

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